Ava & Hannah ▬ On ne se console pas des chagrins, on s'en distrait.

AVA & HANNAH
« On ne se console pas des chagrins, on s'en distrait. »

La boue avait taché mes vêtements, la pluie avait décoiffé mes cheveux et pourtant je restais là, assise, devant ce grand lac si imposant. J'avais envie de crier, de courir aussi loin que possible. De m'enfuir loin, très loin et ne plus penser. Ne plus jamais penser au passé, au futur, ni au présent. Vivre la tête vide, vide de tout sentiment. Mon maquillage avait coulé à cause de mes larmes et il pleuvait à torrent. N'importe qui aurait pu me voir comme cela, abattue, mais je savais que par ce temps, personne ne s'aventurerait dehors. Ce chagrin avait commencé avec l'arrivée du mauvais temps, il faut dire que ça joue beaucoup sur mon moral. L'ennui avait ensuite accentué les choses et, avant de craquer, j'avais couru jusqu'ici afin de me lacher. Repenser à tous ce que j'avais fais dans le passé, à toutes mes erreurs, cela m'étais impossible. Je m'en voulais affreusement, tout autant que les filles de l'élite bien évidemment. J'avais appris en plus recemment le divorce de mes parents. Ca m'avais anéantie. A vrai dire, même avant de partir à Magic Camp ça n'allait pas entre eux, mais de là à se séparer ? Je ne crois pas. Ca avait été un truc de trop et j'avais eu besoin de craquer. A ce moment là, j'étais carrement trempée jusqu'aux os. J'avais un petit peu froid certe mais je ne voulais pas partir. Mes larmes s'étaient calmées mais mon coeur restait toujours aussi triste. Je n'entendis pas tout de suite les pas d'une personne se rapprochant et eut un petit sursaut quand je la vit s'assoir à côté de moi. Ava. Rien que son visage m'arracha un très léger sourir. J'étais contente qu'elle soit là, et je n'avais pas vraiment peur de cacher mes larmes. Je la regardais sans savoir vraiment que dire.

Je rentrais dans le bungalow, le sourire aux lèvres. Jetant mes affaires sur le lit, je m'affalais sans aucune grâce, riant toute seule. Evidemment, je devais partager ma bonne humeur : "Hannah ?". Je tendais l'oreille, espérant entendre un quelconque signe de vie. Mais rien. Joueuse, je criais un peu plus fort "Hannah !". N'obtenant toujours pas réponse, je me levais paresseusement. Je me dirigeais vers la salle de bain, où la jeune femme qui me servait de meilleure amie passait la moitié de son temps. "J'ai pleins de trucs à te raconter en plus...". Le chantage marchait toujours, avec elle. D'habitude. J'ouvrais la porte de la salle de bain, presque violemment, m'étant attendue à ce qu'elle soit fermée. Je retournais dans notre chambre, plus rapidement cette fois. Je plongeais sous le lit, regardais sur, dans et sous nos tables de chevets, secouait les couettes, fouillait les oreillers. Pas de mot pour me prévenir de son absence, pas de signe, rien. Et elle avait laissé sa baguette. J'étais réellement inquiète, maintenant. Il était quand même presque 22h ! Et elle s'arrangeait toujours, toujours pour me prévenir. Reprenant à la va vite ma baguette, et la sienne, j'enfilais mes chaussures et sortis en courant du bungalow. Ne pouvant refréner mon angoisse, je hurlais, sur le pas de la porte "HANNAH !" Bon dieu, si il lui était arrivé quelque chose... Nous n'avions vraiment pas besoin de ça. Aucune de nous deux. La pluie tombaient violemment, formant un rideau opaque, se reflétant à mes pensées. Sans faire attention à mon petit short en jean et à mon léger débardeur, je repartis à la recherche de celle qui était beaucoup trop importante pour que je fasse ne serait ce que songer à la perdre. Mon coeur battait furieusement maintenant, mes pieds glissaient dans la boue. "HANNAH !" Je trébuchais, les cheveux dégoulinants. Je repris, cette fois en chuchotant, dans un souffle, comme une prière silencieuse, perdu dans le bruit de la pluie qui s'abattait de plus en plus puissamment "Tu peux pas me faire ça..." On avait traversé tellement de choses ensemble, je n'aurais pas pu survivre sans elle. Ne vous méprenez pas, nous ne sommes pas des adolescentes stupides qui se sont jurés à la vie à la mort pendant un séance de maquillage. Nous... C'était différent. Très différent. Trop différent même. Car nous aurions donné cher pour retrouver notre insouciance et notre innocence, surtout. Ne sachant pas trop vers où me diriger, je m'arrêtais un instant, haletante. Puis dans un éclair de compréhension, je m'élançais vers le lac. Hannah avait toujours aimé cet endroit, particulièrement quand elle n'était pas bien. Si je ne la trouvais pas là, alors je paniquerais totalement. Essoufflée, j'aperçus enfin, à travers l'averse, une fine silhouette un peu recroquevillée et surtout aussi trempée que je l'étais. Ralentissant le rythme, je m'approchais doucement de l'endroit où se trouvait Hannah. Arrivé à destination, je m'assis lentement à côté d'elle. Elle sursauta, ne m'ayant probablement pas entendue arriver, et tourna la tête vers moi. Son maquillage n'était pas dans un meilleur état que le mien actuellement. Et elle pleurait. Elle me regarda, et l'espace d'un instant, il n'y avait plus qu'elle et moi, le monde autour de nous s'étant juste... Suspendu. J'eus l'infime satisfaction de voir un mince sourire sur ses jolies lèvres. Je me rapprochais encore d'elle et la pris dans mes bras, lui susurrant des mots comme une douce litanie. "Chhht... Tout ira bien. Je te le promets, tout ira bien. Tant que nous serons deux, ne t'inquiète pas. Je suis là Hannah, je suis là. Nous y sommes toutes ensemble et nous resterons toutes ensemble. L'élite, tu te souviens ? Allez ma belle, ma puce, mon coeur. Rien n'est grave puisque tout passe... Tu peux compter sur moi, n'ai pas peur, n'ai pas froid. Je suis là, et nous sommes ensemble.... Je t'aime Hannah." Puis, n'y tenant plus, j'éclatais moi aussi en sanglot. "J'en peux plus Hannah, j'en peux plus. Comment... Comment ?" Je ne parvenais même plus à m'exprimer, et je me détestais pour ne pas savoir la réconforter mieux que ça. Espérant qu'elle comprenait ce que je voulais dire, je laissais enfin libre court à mon désespoir.

Le temps s'était arrêté comme si, tout s'était éfondré ne laissant place qu'à elle et moi. Ava et Hannah, deux petites gamines si insouciante auparavant, elles en avaient fait des choses merveilleuses ensemble. Elles avaient tous partagé. Tous. Et la seul chose qu'elles auraient voulu ne jamais partager, ne jamais avoir vécu ensemble, ou seule, c'était la raison des larmes d'Hannah. Elle avait tenté d'oublier, elle y arrivait quand son cerveau était occupé, mais la réalité revient très vite à la charge et les larmes se mettent alors à couler. Certe, c'était un accident et Hannah n'avait jamais voulu ça, mais elle se sentait terriblement coupable et minable. C'était atroce. Ava connaissait sa meilleure amie, plus que tout au monde, et elle seule savait que la meilleure chose à faire c'était de la prendre dans ces bras, ce qu'elle fit.

"Chhht... Tout ira bien. Je te le promets, tout ira bien. Tant que nous serons deux, ne t'inquiète pas. Je suis là Hannah, je suis là. Nous y sommes toutes ensemble et nous resterons toutes ensemble. L'élite, tu te souviens ? Allez ma belle, ma puce, mon coeur. Rien n'est grave puisque tout passe... Tu peux compter sur moi, n'ai pas peur, n'ai pas froid. Je suis là, et nous sommes ensemble.... Je t'aime Hannah."

Ces mots réchauffaient en quelques sortes le coeur d'Hannah mais elle ne pouvait pas s'arrêter de pleurer. Hannah se senti d'autant plus terrible quand Ava joigna ses larmes aux siennes. Elle savait qu ec'était normale, mais avoir foutu le moral dans les chaussettes à Ava, ça la foutait mal. Les deux amies se retrouvèrent seules, sanglotant et perdues au bord du lac. Le monde s'était écroulé et seul le fait qu'elles soient deux les maintenaient vivante surement. Elles étaient quatres dans le même pétrin, l'élite, les filles que tout le monde aimeraient être, les plus populaires, pourtant celles-ci auraient échangés toute la popularité du monde pour pouvoir retourner dans le passé. Les pensées d'Hannah étaient embrumés et se repassant les images du passé. Elle savait qu'en faisant cela, ça la torturerait davantage mais elle ne contrôlait plus ses pensées.

"J'en peux plus Hannah, j'en peux plus. Comment... Comment ?"

Hannah comprenait les tortures d'Ava, ses paroles. Hannah ressentait la même chose mais elle ne put répondre vraimet à cela. Elle ne se souvenait pas des mots, elle n'avait plus de parole, elle ne pouvait pas se résoudre à ouvrir la bouche. La nuit commencait à tomber doucement et un voile noir se déposa sur le ciel tout comme sur le coeur d'Hannah. Arriverait-elle à oublier un jour ? Pourrait-elle faire face à ce problème ? Hannah avait réussi à calmer ses larmes jusqu'ici mais repartit en sanglot de plus belle.

"Ava je...J'y pense chaque seconde de ma vie...Je...Comment pourrais-je vivre après ? Comment on va s'en sortir ?...je..."

Elle ne pouvait se résoudre à finir sa phrase, elle ne savait vraiment pas quel mot mettre sur ses pensées et surement aucun mots ne pourraient être aussi fort que son désespoir. Elle se demandait si ce malheure allait s'arrêtait et si le chagrin pourrait un jour s'en aller. Elle respira un bon coup avant de reprendre les paroles bien qu'elles soient coupées par les sanglots.

"Cette année a été dure et je n'aurai pas pu tenir sans vous. Sans toi..."

Elle en avait marre, elle voulait tout jeter, elle était désamparée et n'en pouvait plus. Elle se leva alors d'un bond et cria à plein poumons. Le silence revint quand elle n'eut plus d'air dans son ventre, un silence de mort. Oui ça faisait du bien de crier, même si le mal ne s'en allaitt pas. Ca faisait un peu de bien. Après avoir pleurer et crier, Hannah était essouflées. Et, sous ce silence de mort, elle repartit en sanglot tout en se retournant vers sa colocataire et meilleure amie. Elle se rassit à côté d'elle et lui fit un calin. Toute deux évacuant toutes les larmes de leur petit corps. Mélant la pluie du ciel à l'eau de leur corps.

"Au secour."

Elle murmura ces paroles. Puis quelque secondes après elle glissa sa bouche vers l'oreille de la petite blonde et lui murmura un "je t'aime" qui était des plus sincère au monde.

Je pleurais. Et j'avais mal. Oh oui, c'était peut-être le plus horrible, cette douleur dans ma poitrine. J'aurais tout donné pour que ça s'arrête. J'aurais conclu un pacte avec le diable, vendu mon âme sans hésiter. Tout pourvu que cette torture cesse. Nous étions condamnées, non pas à mort, mais à la souffrance éternelle. Finalement, j'en étais venu à me demander ce qui était le mieux. Ou plutôt le moins atroce. J'étais déchiré. Mon coeur était déchiré, ma vie partait lentement en lambeaux devant mes yeux effarés. Et le pire, le plus horrible, ce qui me donnait envie de sauter dans ce lac à mes pieds et de m'y noyer, c'était que je ne pouvais rien y faire. A part regretter. A défaut d'être submergé par l'eau sur laquelle tombait sans discontinuer la pluie, nous étions submergé par les regrets. Et on dit qu'avec le temps va tout s'en va... Mais c'est faux. Les blessures comme ça reste, telle une plaie béante, se loge dans votre poitrine pour ne plus en sortir. Et c'est quand on se réveille en sanglotant au milieu de la nuit, quand les larmes emportent le reste dans un tourbillon d'émotions bouleversantes qu'on se rend compte de l'atrocité des souvenirs, du poids des erreurs passés. Alors nos épaules s'affaissent chaque jour un peu plus, nos sourires s'amenuisent, et la lueur qu'il y avait dans nos yeux a disparu depuis longtemps. Et on essaye de poursuivre, de garder la tête haute. Mais il arrive toujours un moment où tout nous rattrape. Et qu'est ce qu'on peut faire à ce moment précis ?
Hannah se mit à parler, me sortant de ma torpeur et de mes pensées qui aurait depuis longtemps conduis à ma perte si elle n'avait pas été là. "Ava je...J'y pense chaque seconde de ma vie...Je...Comment pourrais-je vivre après ? Comment on va s'en sortir ?...je..." Et quand ces mots franchirent la barrière de ses lèvres, si j'avais pu pleurer plus encore, je l'aurais fait. Je me serais laissé engloutir par mes sanglots. Mais je ne pouvais pas. Les larmes dégoulinaient sur mes joues, se mêlant à la pluie, brûlant ma peau sur leur passage. Et je peinais à retrouver mon souffle désormais, et je songeais à combien il aurait été agréable de me laisser partir, de glisser doucement hors de ce monde duquel je n'avais désormais plus ma place. M'en aller, comme tant d'autres l'avait fait avant moi. Cela n'aurait pas été si grave. On a l'impression que le monde s'arrêtera avec nous, mais ce n'est pas le cas. Je partirais sans laisser de traces, sans faire de vagues. Juste abandonner. Mais je ne pouvais pas. Et pourtant, pourtant, je coulais, m'éteignant à petit feu. Je voulais me battre, mais je ne savais pas si j'en avais la force. Et si un jour je baissais les bras et que je faisais la bêtise de trop ? Et si le mort était un échappatoire ? Et si... "Cette année a été dure et je n'aurai pas pu tenir sans vous. Sans toi..." Et si Hannah avait besoin de moi ? Je regardais son visage, si joli d'habitude, et je ne voyais que de la douleur. Nous qui nous aimions nous considérer comme des soeurs, nous devions à cet instant être semblables jusqu'à l'osmose. Je me doutais que nous avions toutes deux le même masque de souffrance. Non, pas un masque en réalité. Car c'étaient nos âmes qui affichaient sans faux-semblants nos émotions, qui nous transperçaient de vérité. Nous étions totalement sincère, juste Ava et Hannah, seules contre le monde. Et je haletais, ne parvenant plus à respirer, m'asphyxiant d'amertume. Je prenais feu sans un mot, partait dans un monde trop lointain, oubliais tout pour un quart de seconde. Avant d'être heurté violemment par la réalité, par la vie qui me retenait encore sur terre. Et par Hannah, hurlant, debout, affrontant l'univers. Son cri se répercuta dans mon crâne, transperçant mon coeur comme un coup de poignard. Je fus aveuglé par un éclat soudain de conscience, une étincelle de malheur plus brillante que toutes les autres. Je la regardais et toute la scène me revenait en mémoire, tous nos actes, tous nos gestes. J'étais écoeurée soudain, retenant difficilement mon envie de vomir. Hannah se rassit à côté de moi, me fit un câlin. Et c'était désormais nos larmes qui se mélangeait dans un cocktail désolant et décapant. Je m'accrochais à elle comme à une bouée, ne voulant pas la laisser partir. Et dans ma tête défilaient les mots que je ne parvenais pas à dire. Ne me laisse pas, ne me laisse pas, ne me laisse pas... Et dans un souffle, elle murmura exactement ce que j'avais voulu dire sans réussir à m'exprimer "Au secours." Je fermais les yeux, comptant les secondes pour m'empêcher de penser à autre chose. Une douleur. Deux yeux pour pleurer. Trois sanglots. Quatre amies envers et contre tout. Cinq personnes déchirées. Six larmes. Sept années de cours où on croyais pourtant avoir appris à être prudent. Huit jours de vide. Neuf mois pour donner la vie. Dix secondes pour la reprendre. J'arrêtais mon décompte morbide lorsqu'Hannah se glissa à mon oreille et me chuchota "je t'aime". Je stoppais tout. Laissant juste ses mots, les plus beaux, m'emplir dans ces circonstances désespérés. Je reculais et pris son visage en coupe entre mes mains. "Je..." Je baissais les yeux, les laissant s'égarer sur le sol boueux. Avant de les relever, dans un accès de détermination. "Tant que nous serons deux... Tout ira bien, je te le promets, je te le jure. Et si tu veux un jour on partira, loin d'ici, loin de tout. On s'en ira et on s'échappera ailleurs. J'en fais le serment, à qui veut l'entendre : tu seras heureuse." Et je voulais que ça se réalise, j'en avais le désir profond. J'y croyais de tout mon coeur, et mon regain de force provenait uniquement de là. De ce besoin viscéral de la voir à nouveau sourire et rire comme avant. Appuyant mon front comme le sien je commençais d'un voix forte qui s'acheva comme un bruissement de feuilles. " Tu crois en moi Hannah ? Dis moi que tu crois en moi..." J'ancrais mes yeux dans les siens, lui transmettant ma rage, mon désespoir, ma fièvre. "Je t'aime Hannah. Plus que tout au monde." Puis, dans un élan provenant du tréfonds de mon âme, je l'embrassais.

La question était là. Pourquoi ? Pourquoi avions nous fait tout ça ? Pourquoi avions-nous été aussi insouciante et pourtant dangeureuse ? Pourquoi ? Oui, Pourquoi ? Le seul fait de remonter dans le passé abrègerait mes souffrances. Je donnerai tout pour ça, pour remonteer un an en avant, pour ne plus commettre les mêmes erreurs. La vie valait-elle d'être vécue comme cela ? Après mure réflexion, oui, elle en valait la peine. Pas pour moi mais pour elles. Parce qu'il ne restait qu'elles à me comprendre, parce que je ne pourrait être rien sans ces qutres petites catins. Elles étaient là. Et Ava plus précisément à ce moment. Je n'avais jamais ressenti quelque chose d'aussi fort et le simple "Je t'aime" que je lui dit n'était qu'une infime partie de ce que mon coeur ressentait pour cette fille. Elle était plus que ma propore vie, plus que toutes les vies réunies de la planète entière. Je donnerais tous pour avoir été seule dans ce chagrin continuel et lui épargner toutes ces larmes mais je ne sais pas si j'aurai tenu sans elle. J'avais besoin d'elle. Suite à ma simple mais réelle déclaration, Ava pris mon visage entre ses mains. Elle avait une piètre mine. Le voir comme ça décompasa encore plus mon visage. Son bien-être importait plus que le mien. Elle chercha une phrase à dire mais ne trouvait pas vraiment ses mots. Elle trouva vite les mots, les mots qu'il fallait, des mots parfaits. "Tant que nous serons deux... Tout ira bien, je te le promets, je te le jure. Et si tu veux un jour on partira, loin d'ici, loin de tout. On s'en ira et on s'échappera ailleurs. J'en fais le serment, à qui veut l'entendre : tu seras heureuse." Mais étais-ce possible ? Le bonheur avec elle était surement possible puisqu'il éxistait déjà. Mais le chagrin le chassait assez souvent, même trop souvent. Peut-être qu'un jour nous aurons un bonheur sans chagrin, un bonheur sans fin. Mais étais-ce possible ? Seul l'avenir pouvait le dire. Mais après ses paroles, je pria de tout monde coeur pur que cela se fasse. Il le fallait pour elle. Pour moi. Pour nous. Il fallait que je la revoit vivre sans cette petite et infime lueure dans ses yeux, sans cette chose qui attaquait son coeur. Sans ce virus qui rendait malade son âme. Il fallait que je la revoit sourire et rire sans se voile noir qui voile ses pupilles. " Tu crois en moi Hannah ? Dis moi que tu crois en moi..." Oui je croyais en elle puisqu'elle était forte, elle était là, devant moi, front contre front à présent et je croyais en elle car c'était la dernière chose que je pouvait faire, parce que c'était la dernière personne à être là. C'était plus fort que tout. Plus fort encore que l'amour de Juliette envers son Roméo selon Shakespear. Nos yeux se rencontrèrent, nos regards avaient une telle force qu'ils auraient pû brûler toutes les forêts du monde. Un regard de désespoir, de rage et de fureur. "Oui Ava, je crois en toi...Je crois en moi....Je crois en nous ! On réussira, parce qu'il le faut, je veux te revoir vivre, je veux te revoir rire. Ne perdons pas espoir car tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Tu es mon espoir Ava." Ces mots annoncaient mon amour, ma dépendance à cette drogue qu'étais Ava. "Je t'aime Hannah. Plus que tout au monde." "Pour toujours et à jamais." rajoutais-je. C'est ici que, front contre front, elle m'embrassa. Ce n'étais pas un baiser comme s'échangeait un couple. Ce baiser était plus fort, ce baiser n'était pas qu'amical, car j'aimais Ava, mais pas de la façon dont quelqu'un aime son âme-soeur. C'était plus fort. Nos lèvres jointes, rien ne pouvait les décoller. C'était un mélange de tristesse, de mélancolie, ça remplacait les mots que l'on ne trouvait pas. C'était un échapatoire à la parole qui était si dure. Ce baiser était plus fort que tout. La Terre entière aurait pû exloser face à la grandeur de notre amour. Il me donnait de l'espoir, il sécha mes larmes. Il était mon remède. Ava était mon remède et grâce à elle, j'irai mieux. Et elle irait mieux aussi. Nos lèvres se détachèrent lentement, nous restâmes tête contre tête à nous contempler. J'étais fatiguée après cet instant aussi éprouvant. J'étais apaisée. La nuit avait gagner contre le jour. Je ne savais plus quelle heure il était, j'avais perdu la notion de temps. depuis combien de temps étions nous ici ? Je n'en avais pas la moindre idée. Je ne pouvais pas bouger, mes pieds n'en aurait pas eu la force. La pluie venait de s'arrêter comme mes larmes. J'aurai voulu rester là avec elle jusqu'à ce que le monde s'écroule. Mais je voulais désormais vivre, vivre avec elle, vivre pour elle.

Je l'embrassais. Je l'embrassais, et d'un coup tout mon univers se remit en place. Cela se fit avec perte et fracas, à grand renforts d'éblouissements et de vertiges, mais cela se fit. C'était comme si tout avait soudain un sens, comme si il y avait quelque chose après. Comme si j'apercevais la lumière au bout du tunnel. Pas encore à portée de main, mais bien présente. Et le contact de ses lèvres sur les miennes était si fort que je tremblais. Parce que nous nous aimions, beaucoup plus que ce qu'il était possible ou normal. Peut-être que ça nous perdrais. Parce que sans elle je n'étais rien. Alors je ne pensais qu'à ce baiser qui m'arrachais la gorge, me coupais le souffle, éclatais mon coeur, mes poumons, me faisais perdre le contrôle de mes bras, faisait frémir mes mains. Je pensais que je l'aimais, et je pensais que c'était totalement naturel. Dire qu'elle était ma meilleure amie était un mensonge : c'était mon tout. Je l'aimais d'amour, c'est vrai. Je l'aimais et rien ni personne ne pourrait y faire quelque chose. C'était comme tomber dans un trou sans fin, c'était mourir dans ses bras. C'était se sentir entière, enfin. Tout irait bien et le sang qui coulait dans mes veines était pleins de ses mots, débordait presque, ne demandait que la liberté. Et je voulais l'embrasser, l'embrasser encore, toujours plus proche. Je lui aurait offert mon coeur si cela avait pu la convaincre de ce que je ressentais, mais je ne pouvais pas, alors je me contentais de l'embrasser comme si ma vie en dépendait. Et c'était le cas. Je mordais ses lèvres sans doutes, les attrapais avec passion. Je perdais le contrôle de moi-même, et je perdais tout. Je lâchais prise parce qu'en perdant le monde je m'étais trouvé. J'avais soif de vivre désormais. Soif de ces lèvres, toujours plus. Je ne poursuivais plus la vie : elle s'offrait à moi. Peut être qu'un jour elle ouvrirait ses bras, et que nous serions heureuses. Nous fonderions une famille. Pas ensemble, car nous n'étions pas faites pour être ensemble, mais pour nous aimer. Nous devions outrepasser les lois de la physique, briser des milliers de tabous. Mais ce qui me faisait sourire contre sa bouche, c'était que nous nous en fichions. A cet instant, nous crachions sur nos détracteurs, emmerdant le monde. Et c'était bon. J'étais vivante, et un nouveau coeur avait remplacé l'ancien, trop souvent brisé. Je sentais la magie s'emparer de moi. Et, oui, c'était bon. Notre baiser avait un goût salé, le goût des larmes qui avaient trop coulé, le goût du désespoir, mais je le savourais comme le meilleur des mets. J'aurais pu mourir, après ça, et partir en paix. L'espace d'un instant, j'étais en accord avec moi-même. Et cela semblait tellement bon que je serais resté là des heures, des journées entières. Lui mordant légèrement la lèvre inférieur pour y laisser ma marque, je lâchais délicatement sa bouche désormais légèrement gonflée. Nous revînmes à notre emplacement initial, front contre front. Je la regardais; et la lueur d'espoir que je voyais scintiller dans ses yeux me donna envie de rire, de rire follement, sans m'arrêter. Puis, soudainement, une phrase me traversa l'esprit, s'inscrivant dans mon cerveau comme au fer rouge : "Carpe diem"... On me l'avait tellement répété, je l'avais tellement entendue que j'en avais oublié le sens premier "Cueille le jour sans te soucier du lendemain ". Alors j'éclatais de rire, j'évacuais toute cette tension qui nous avait prise aux tripes, la tête rejetée en arrière. Et je me rendis compte que nous étions dans l'obscurité la plus complète, et que l'eau qui dégoulinait sur mes joues ne provenait plus que de mes larmes, larmes de désespoirs, de joie et de folie, et non plus de la pluie qui nous avaient si longtemps accompagnée. Je riais, et je ne pouvais plus m'arrêter, sans raison, juste pour le plaisir d'être là, de se sentir exister. Pour le plaisir de m'être un peu pardonné ce soir. Enfin. Pour le plaisir d'être avec Hannah, pour le plaisir d'aimer et d'être aimé. Pour le plaisir de savoir que je n'étais pas seule. Je me calmais peu à peu, laissant mes derniers rires saturer l'air, donner vie aux silence, habiter le lac. Je me relevais, tendis la main à Hannah. "Viens..." Elle l'attrapa, un air qui me ravissait sur le visage, et nous sommes rentrés. Ensemble, depuis toujours, et à jamais.

FIN DU RP !